Brève entrée d'un grand gaillard

Un Géant à la cape verte émeraude atteint finalement la herse du chastel de l'Ordre du Lac d'Amour.
La tête dans les nuages, il demanda son passage vers le bureau de recrutement à un garde. Un merci, et il s'en fut dans sa direction, c'était tout.

Le garde, flemmard, alla lentement dénicher puis signaler l'arrivée du bonhomme à quelqu'un d'un peu plus important que sa propre personne, un chevalier par exemple.

Grandgousier observait par une meurtrière de la poterne l'homme qui attendait aux portes de la forteresse. De loin il avait tout d'une brute, pour peu l'on se serait attendu à lui voir pousser épaisse fourrure et crocs aiguisées à la bouche. Les garous existaient-ils ? Il se parla à lui-même.

- Restons calmes, affrontons l’obstacle en vrai Chevalier... Voyons : bien des Élus ont été confrontés avant moi à ce genre de situation. Ils s’en sont tirés avec honneur. Une certaine Marthe aurait enchaîné une tarasque, m’a dit la Jeanne. Je ne sais trop ce qu’est cette bête, mais cela se passait en Provence, région réputée pour la propension aux menteries de ses habitants. Peut-être aussi le don de capturer et asservir les bêtes féroces n’appartient-il qu’à une femme, vierge de préférence ? Or je n’ai jamais été l’une… et, hélas, ne suis plus l’autre...

Grandgousier rougit au souvenir de ses récentes débauches et essaya de retrouver le nom qui persistait à lui échapper. Un homme avait fait aussi bien que sainte Marthe. Saint Marcel ou saint Bertrand ? Les deux ? L’archange Michel avait certes terrassé un dragon, tout comme saint Georges. Mais ils se servaient tout bonnement d’une lance et d’une épée, ce qui est à la portée du premier venu. Si le garou ne crachait pas de flammes, ce qu’on pouvait tout de même considérer comme une aubaine, son haleine n’en était pas plus supportable. Décidément, ça ne s’arrangeait pas pour le chevalier vert. Et ses couilles le démangeaient de plus en plus. Le Yennois cherchait comment se tirer d’affaire. Il n’avait pas trente-six solutions...

Il n’en avait qu’une.

Ce fut celle qu’il choisit :

Il hurla par la meurtrière.

- Hey, toi, l'homme ! Adoncques quelle est ta terre ? Quel est ton nom ? Et que voulois-tu de nous ?

Le sénéchal chevauchait le plus paisiblement qu'il pouvait pour regagner le Castel, un discret mal de tête toujours tapi au fond de son crane.

Quand il fut à une lieu de l'Ordre un puissant souffle reveilla la mauvaise céphalée :

- Hey, toi, l'homme ! Adoncques quelle est ta terre ? Quel est ton nom ? Et que voulois-tu de nous ?

Reconnaissant là l'organe le plus réputé du grand vert il tallona son cheval, intrigué...

Master pila net, dans son élan pour rejoindre le bureau de recrutement nonchalamment indiqué par le garde. Un parler qui lui était vaguement familier venait d'atteindre ses tympans, en provenance du mur d'enceinte, de l'étroite fente d'une meurtrière, ou bien d'une pierre murale possédant le don de la vie et de la voix. N'ayant pas souvenance de connaître un tel caillou, il tenta de distinguer quelqu'un par les meurtrières. Peine perdue car elles se ressemblaient toutes, trop obscures en comparaison à la lumière qui régnait à l'extérieur pour y voir quoi que ce soit. Le travail d'une meurtrière étant entre autres de soustraire à la vue ainsi qu'aux projectiles, c'était tout à fait normal. Le grand belleysan ne s'empêcha toutefois pas de répondre et de sa belle voix grave, il clama à son tour:

- Je suis de Belley et donc de Savoie! Et on me nomme Masterbcc! Qu'importe votre identité, peut-être vaudrait-t-il mieux de rejoindre le bureau de recrutement où je comptais me diriger, où nous pourrions discuter du vent qui m'amène sans s'égosiller comme vulgaires pourceaux!

Le garde, ne l'oublions pas, dans toute sa fainéance, jugea son travail accompli à l'entente de cet échange de paroles et refit les quelques pas qui le séparaient de son siège qu'il avait quitté quelques secondes plus tôt.

Mais le scruteur vert s'égosilla de nouveau:

- Comment ??? Venescailles de vertugadin, il m'arrivoit certes d'être vulgaire, sieur Masterbcc de Belley et de Savoie, mais puceau, il y a belle lurette que je ne l'estois plus, foutremouise ! J'arrive...

Et Grandgousier descendit quatre à quatre le colimaçon de pierre pour rejoindre le nouvel arrivant en salle de réception des aspirants. Au premier étage il crut dicerner dans le lointain un panache de fumée s'approchant. Sans doute un autre aspirant, où bien un de ses frères rentrant au bercail, où bien une... comment déjà... tarasque ?

/HRP

Juste au cas où vous auriez de la difficulté à trouver... Par ici Razz

:

https://annonciade.probb.fr/le-bureau-du-recrutement-f64/postulant-a-l-ordre-du-lac-d-amour-t88-285.htm#8638
(Les portes du Castel

Le bureau du recrutement

Postulant à l'Ordre du Lac d'Amour

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