L'Ordre du Lac d'Amour
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 [Suite] Une Cavalcade italienne.

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Thenestohs

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MessageSujet: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyDim 8 Fév - 23:23

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Thenestohs

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyDim 8 Fév - 23:25

Espérons-le, il ne me plairait guère de partager ma selle avec quelque dépouille, fut-elle ducale plaisanta l’Aostois sentant l’atmosphère virer au protocolaire.

A cet instant, derrière le jeune Louis, telle réponse à sa question précédente, le duc vit approcher vers eux, passant le rideau de gardes, la bannière de l’Annonciade et du Val d’Aoste. Elle ondoyait au gré de la brise légère imprimant au lion d’argent flanquant sa toile un mouvement prédateur. Sous cette dernière les chevaliers trouvèrent l’homme, ou plutôt le géant, qu’ils cherchaient. Le Chevalier Vert, incarnation vivante de la devise de l’ordre, tirait d’une main une monture où était installé l'étendard, de l’autre, une dame. Curieux tableau songea l’Aostois avant de reconnaître la jeune femme qui l’accompagnait et que son sourcil gauche ne se torde en une courbe dubitative.

Au salut du Colosse, le duc se pencha en retour, sa monture lui donnait certes le dessus mais l’homme était impressionnant. Bien qu’en selle et de respectable condition, les trois chevaliers du Lac d’Amour pouvaient passer pour frêles en sa compagnie.


Madame est aimable convint-il en s’inclinant de nouveau à l’attention de cette dernière et vous tombez à point chevalier reprit-il en se redressant. Partir sans enseigne aurait été jouer de fortune et si certes un champ de bataille n'est pas le théâtre du savoir vivre, il est toujours plus digne de s'y présenter. L'adversaire fut-il un brigand a le droit de savoir qui vient danser avec lui.
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Grandgousier

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyLun 9 Fév - 1:27

Grandgousier répondit d'abord à l'adresse du Lion:

- Par sainte Gudule, vous dites vrai, monsire ; et que mal arrive à qui la fuira.

Puis il prit une dernière fois la main de Lisyane pour l'embrasser.

- Ordoncques à Dieu, gentille Dame, que vos prières et nos actes puissent tous nous retourner en joye, en Lui priant qu'Il nous convoye.

Enfin d'un bond il fut sur son destrier à l'oriflamme, à qui il fit d'un claquement de langue gagner sa place, juste derrière le Grand Maître et le Duc d'Aoste.
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Samo
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Samo


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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyLun 9 Fév - 1:58

Suite à l'arrivée du cortège à Chambéry, le Grand-Maistre avait préféré garder le silence, laissant le Duc d'Aoste s'occuper de rallier les nouveaux volontaires. Rapidement, ils furent rejoints par Louis1er, qui avait mandé la permission du Lion, et ensuite des deux chevaliers de l'Ordre qui les attendaient. Plus tard dans la soirée chacun repartirai. Il s'approcha de Louis qui rejoignait la formation.

Votre grâce, bienvenue parmi nous groupe... Comme l'a indiqué le duc, chaque lame de plus est une bénédiction.

Puis s'inclinant doucement, il reporta son attention vers Grandgousier et Bourbier. Il s'approcha tout d'abord de ce dernier, et lui serra amicalement la main.

Bienvenue à bord, frère. Bientôt commencera le vrai voyage... Qu'Aristote nous protège!

Puis finalement Grandgousier, qui arrivait finalement avec la bannière

Grandgousier, heureux de te savoir parmi nous! Peut-être que si tu grogne suffisamment, les coupe-jarrets fuiront sans combattre, grâce à ta carrure...

Il lui sourit, puis se retourna vers le Duc d'Aoste. Le départ approchait. Ils se rendraient à Annecy, pour y rallier les derniers membres du groupe, puis partiraient, hors des limites de la Savoie, là ou l'aventure les attendaient, une massue à la main...
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyLun 9 Fév - 13:06

[Annecy]

Louis avait profité de sa dernière nuit avec Mélisende. Il se souviendrait toujours de ces instants de tendresse partagé. Au matin alors que le soleil n’était encore levé, Louis s’habilla le cœur lourd de devoir laisser sa tendre aimé. Mélisende était sorti du lit est l’aidait à enfiler son mantel au dessus de sa côte de maille bien ajusté. Louis avait un regard déterminé, il savait qu’il partait pour rendre honneur à ses terres. Il tacherait de faire ce qu’il avait toujours su, se battre simplement avec honneur.

Son manteau enfilé, son fourreau sanglé, Louis attrapa ses sacoches d’une main. De l’autre, il tenait celle de sa tendre épouse. Au dehors, fastidieux attendait, le cheval avait hâte de partir pour sa première longue épopée. Louis attacha les sacoches de voyage à la selle de son cheval. Provision de pomme et de pain il avait fait. Il alla chercher son étendard et l’attacha au bout de sa lance.

Tout était prêt. Dans le regard dans celui de sa bien aimé louis plongea tout d’abord, puis il l’embrassa tendrement, passionnément.



Je t’aime, Mélisende, prends soin de toi, Eddo et Anabase seront là si tu as besoin. Passe un message à mon père, ma sœur et à mon frère, dit leurs que je les aime.

Mélisende prit son mouchoir nacré, elle l’attacha fermement au gantelet de louis sans dire un mot. L’émotion se lisait sur son visage. Tout comme sur celui de Louis.

Ma mie, je porterais tes couleurs jusqu’au bout du monde et je te reviendrais. Je ferais attention à moi je te le promets. Le faucon d’anabase saura me trouver, utilise le pour m’écrire.

Louis embrassa une dernière fois sa belle, il la serra fort dans ses bras puis enfourcha sa monture. Il saisie sa lance d’une main son écus de l’autre et parti au pas. Lançant un dernier regard vers sa douce Mélisende, il vit les larmes qui coulaient sur son visage, il en eu le cœur déchiré, il donna un coup d’éperon laissant là sa femme le regarder s’éloigner.


Quelques instants plus tard, il avait rejoint la troupe et salué tout le monde. Le cœur lourd il avait par la séparation, mais léger au vu de la tache à accomplir il était aussi.
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Grandgousier

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyLun 9 Fév - 14:37

Alors commença l'interminable ascencion du versant occidental des Alpes. Le temps était clair et froid : comme une mâchoire de loup cervier aux dents aiguës et blanches, une découpure de montagnes couvertes de neiges mordait le bord de la robe du ciel; les étoiles larges et pâles brillaient dans la crudité bleue de la nuit comme des soleils d'argent. Un des écuyers vint déposer complainte au chevalier vert:

- Maître, regardez comme la neige tombe, comme le vent siffle et fait ployer jusqu'à terre la cime des sapins; n'entendez-vous pas dans le lointain hurler les loups maigres et bêler ainsi que des âmes en peine les chamois à l'agonie?

- Et encore, fidèle écuyer ? E capoë... nous secouerons la neige comme on fait d'un duvet qui s'attache au manteau; nous passerons sous l'arceau des sapins en inclinant un peu l'aigrette de nos casques. Quant aux loups, leurs griffes s'émousseront sur ces bonnes armures, et du bout de notre épée fouillant la glace, nous découvrirons au pauvre chamois, qui geint et pleure à chaudes larmes, la mousse fraîche et fleurie qu'il ne peut atteindre.

[Suite] Une Cavalcade italienne. Nuitmontxq3

Lucien, son grand cheval à formes d'éléphant, dont il labourait les flancs à coups d'éperon, suivait malgré son âge ceux des ses compagnons de chevauchée sur les chemins de montagne; il traversèrent un lac, dont le froid n'avait fait qu'un seul bloc de glace, où les poissons étaient enchâssés, les nageoires étendues, comme des pétrifications dans la pâte du marbre; les quatre fers des chevaux, armés de crochets, mordirent solidement la dure surface; un brouillard, produit par la sueur et la respiration des chevaux, enveloppait la colonne et la suivait; on aurait dit qu'ils avançaient dans un nuage; les hommes comme les bêtes soufflaient, par leurs naseaux givrés, de longs jets de fumée comme des animaux fabuleux.

Voici les bois de sapins, à l'approche du col; pareils à des spectres, ils étendent leurs bras appesantis chargés de nappes blanches; le poids de la neige courbe les plus jeunes et les plus flexibles : on dirait une suite d'arceaux d'argent. Une noire terreur semble habiter dans cette forêt, où les rochers affectent des formes monstrueuses, où chaque arbre, avec ses racines, semble couver à ses pieds un nid de dragons engourdis. Mais sous l'étendard de sable on ne connaît pas la terreur.


[Suite] Une Cavalcade italienne. Chevalier2fd9

Le chemin se resserre de plus en plus, les sapins croisent inextricablement leurs branches lamentables; à peine de rares éclaircies permettent-elles de voir la chaîne de pics neigeux qui se détachent en blanches dentelures sur le ciel noir et terne. Heureusement tous ont de vigoureux coursiers qui porteraient sans plier Atlas le gigantesque; nul obstacle ne les arrête; ils sautent par-dessus les rochers, ils enjambent les fondrières, et de temps en temps ils arrachent aux cailloux que leur sabot heurte sous la neige une aigrette d'étincelles aussitôt éteintes. Grandgousier encourage le sien à mi-voix:

- Allons, Lucien, courage! Tu n'as plus à traverser par deux fois ces modestes monts et je te promets; une jolie main caressera ton col satiné, et dans une écurie bien chaude tu mangeras de l'orge mondée et de l'avoine à pleine mesure jusqu'à la fin de tes jours.
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Samo
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyMar 10 Fév - 0:34

Le voyage se faisait pratiquement uniquement en silence, s'accordant ainsi avec la noirceur de la nuit. On entendait les pas des destriers, s'enfonçant dans la neige qui crissait suite à ce dérangement, et parfois l'une des montures poussait un faible hennissement. Le gros de son armure était fixé à l'arrière de sa selle. Samo portait sa cotte de maille néanmoins, et au-dessous un chaud manteau en fourrure épaisse. Le froid était bien plus mordant en montant dans les hauteurs, ainsi, le Grand-Maistre avait rabattu son capuchon sur sa tête, laissant ainsi sa cape le recouvrir presque entièrement. Tout au long du voyage, il s'assurait fréquemment que sa lame ne se collait pas au fourreau, chose qui serait plutôt déplaisante en cas de conflit armé.

La neige tombait doucement, et était en grand partie stoppée par le feuillage de sapin qui s'étendait autour d'eux. Malgré les arbres, la lumière de la lune réussissait à percer et à éclairer leur chemin en se reflétant dans la neige au sol, ce qui leur permettait de continuer à progresser sans risque de se blesser eux même ou bien les bêtes.

Le Grand-Maistre suivait à présent juste derrière le Duc d'Aoste, qui menait le groupe, et le reste des compagnons suivait dans un ordre inconnu de lui, comme sa capuche réduisait son champ de vision sur ses arrières. Son cheval enjamba un tronc mort sur la route, ce qui le fit sortir de sa rêverie. Bientôt le groupe ferait probablement halte, et là, il écrirait à celle qui réchauffait son cœur.
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Thenestohs

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyMar 10 Fév - 3:33

La colonne avait fait halte au centre d’une petite clairière. Le vent qui les avait accompagnés durant leur périple de la journée s’était à présent calmé, quêtant peut-être comme les chevaliers le repos de la nuit. Autour du campement de fortune avaient été installés les chevaux, leurs rennes passées autour de branches que les arbres nus daignaient offrir.

Les hommes avaient dressé quelques couchettes ceignant des feux desquels s’élevaient de hautes volutes de fumées du fait de l’humidité du bois récolté.
Cela n’avait pas été sans contrarier le duc mais à choisir entre deux maux, celui de risquer une visite importune valait mieux que de périr geler.

Il s’était aménagé une petite niche sans neige qu’il avait chassé à l’aide de son écu. Là il avait étendu une large fourrure et s’y était établi. A l’aide d’un chiffon, il lustrait les plaques de sa cuirasse. Il étalait et frottait méticuleusement, machinalement presque, une pâte abrasive faite de pierre ponce pilée et de graisse de porc.

A sa bouche pendait une longue pipe faite de bronze et d’hêtre s’éclairant à intervalles réguliers avant de laisser échapper un nuage brumeux. Bien que la chose ait été assez peu courante, le duc était demeuré un adepte de ce vice dont il s’était entiché lors d’un voyage en Terre Sainte bien des années auparavant.

De l’autre côté du petit feu placé non loin de lui se trouvait le grand maître. L’Aostois l’avait remarqué quelques temps avant en train d’écrire et affairé à l’entretien de son armure malmenée par l’humidité, il n’avait pas jugé opportun de le déranger. Toutefois comme pour rompre le silence tombé sur la troupe à l'heure du départ le matin, il se permit d’engager conversation.


Pour qui sont ces mots ? laissa-t-il quitter ses lèvres gercées.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyMar 10 Fév - 7:17

Alors que la fière troupe savoyarde faisait son chemin, prête à braver les premières difficultés inhérentes à une traversée des Alpes hivernale, un cavalier lancé au grand galop poursuivait de son rythme effréné les empreintes profondes de sabots laissées dans la neige par le lourd équipement des hommes en armure qu'il avait à coeur de rejoindre.

Enveloppé d'une épaisse fourrure déjà recouverte de flocons par les premiers kilomètres parcourus, le chevalier Raoul avait abandonné ses apparats de gentillhomme à son pays au profit de son épée et sa brigandine de circonstance à la guerre italienne. Sa fierté et son honneur n'avaient pu résister à l'appel lancé aux volontaires par l'Aostois. Alors qu'il arriva au campement, il apperçut enfin avec un soulagement les bannières du Lac d'Amour et des dignitaires savoyards de l'escapade, éclairées par les rayons de Lune qui passaient timidement au travers des pins dans la clairière.
Un coup sec sur la crinière de sa grande monture arabe, et son pas se fit plus raisonnable à mesure qu'ils approchaient. Les hommes de ronde laissèrent passer le retardataire aux armes de la Plume et l'Epée sans annicroche et il put mettre pied à terre...

Fraichement arrivé il jeta un regard circulaire au campement de fortune afin d'y trouver quelque repère famillier avant de s'arrêter sur une volute de fumée blanche émanant d'une pipe. Il s'avança vers ceux qui lui semblaient être le Duc d'Aoste et le Grand Maître de l'ordre du Lac d'Amour afin de les saluer et se réchauffer près du feu.

"Pour qui sont ces mots?" avaient prononcé les lèvres gercées du Lion.

Et comme le silence faisait echo en retour, Lezard en profita pour se présenter rapidement.

"Vôtre Grasce, Seigneur, c'est un honneur que de me joindre à vous pour cette escapade, je suis Raoul."

Puis, devinant dans les yeux de ses interlocuteurs une invitation à prendre place, il s'exécuta sur une bûche retournée pour l'occasion avant de laisser son regard plonger dans les flammes un instant appaisant.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyMar 10 Fév - 11:33

[Mardi 10 janvier 1456]

Louis avait passé une belle nuit si l’on peut dire. Après avoir traversé un premier col la veille, après avoir passé les forêts lugubres, après avoir entendu au loin les loups hurler leurs allégeances à la lune, le petit groupe avait réussit enfin à dénicher une clairière pour monter un camp de fortune. Autour d’un grand feu, les chevaliers étaient réuni, Louis n’osait rompre le silence et s’était enfermé dans une espèce de mélancolie.

Il pensait alors à sa douce Mélisende, si loin elle était désormais et pourtant si proche dans son cœur. Il aurait voulu la voir au matin, toute décoiffé et souriante. Il lui aurait déposé un tendre baisé sur son front. Au lieu de cela, il devrait se contenté de la douce chaleur d’une pierre refroidi par la neige… Puis, vers les combats à venir allait les pensées de Louis. Il était en paix avec lui-même et ce voyage était pour lui un retour vers l’essentiel. Un retour aux sources de ce qu’il était, un simple homme parmi les hommes, serviteur du très haut et de la Savoie.

Pour qui sont ces mots ? Mots si simple qui rompaient le silence prononcé par le duc d’Aost, Louis avait vu alors Raoul Lezard prendre place au côté de sa grâce, il ne l’avait même pas remarqué de toute la journée.

Vôtre Grasce, Seigneur, c'est un honneur que de me joindre à vous pour cette escapade, je suis Raoul. Répondit Raoul. Fier était Louis de le voir parmi eux. Digne représentant de la plume et de l’épée, le chevalier Lezard avait troqué sa plume pour l’armure et la lame.

Louis décida que c’était le moment, un jour avant ou un jour après, et puis l’on ne pouvait savoir l’heure qu’il était. Il se leva et sorti une bouteille à la liqueur blanche. Un alcool de 50 ans d’âge offert par son père avant de partir… Il s’approcha alors de sa grâce et de son ami Raoul… Après quelques hésitations en laissant la conversation entre les deux hommes avancer, louis se décida.


Mes amis, permettez moi de vous offrir un verre et de porter un toast à notre expédition, mais également…

Louis hésita quelques instants rougissants

Mais également à mes dix-sept ans…
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Grandgousier

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyMer 11 Fév - 13:06

Grandgousier tendit son gobelet et se mit à rire.

- Ah! Ah! Ah! Par la cabirotade de Saint Trifouillas ! Dix-sept ans et toujours... hummm... mes excuses, m'seigneur Louis. Et tous mes voeux d'anniversaire. Je ne vous donnerois point de conseils : ni mon âge ni mon rang ne m’y autorisoient suffisamment. Mais puis vous êtes, à ce que je crois, de ceulx qui prennoient de brusques décisions, et qui jouoient sans sourciller, quand il leur plaist, à croix ou pile avec leur sort, je conviendrais avec vous qu'il convennoit de se moquer du destin, en effet, puisque l'on n'y pouvoit rien changer, mais en avoir le mépris entier n’estoit, mon jeune ami, ni juste ni sage, parce qu’on n’estoit jamais seul au monde, même quand on le croit, et qu’on s’exiloit.

[Mercredi 11 fevrier]

Après une descente rapide de la vallée d'Aoste, domaine du Lion qui les guidait, la petite troupe échangea peu à peu les pics déchirés des Alpes contre les collines de plus en plus douces et volupteuses de la plaine du Po, dans les duchés du Canavais puis du Piémont. Collines dont les formes n'étaient pas sans rappeller au chevalier vert celles d'une dame de ses pensées, et il en concevait quelque émeuvement. Grandgousier n’était certes pas un apôtre de sagesse, mais cette fois-ci, il avait par la force des choses décidé de savourer avant que de savourer.

Au mitan d'une journée froide mais ensoleillée, ils traversèrent la petite ville d'Alessandria, autrefois piémontaise, mais en ce jour sous la coupe de la puissante duchesse de Milan, la dame Polimnia de Come.


- Hola messires et compagnons! N'est-ce point là occasion rêvée pour faire courte halte et abreuver hommes et montures ? Toute cité digne qu’on s’y attarde se reconnaît aux enseignes des tavernes. Allons doncques nous asseoir et prendre un petit godet et, tout de suite, vous verrez, la langue de ce beau pays vous semblera moins incompréhensible.
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Samo
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyMer 11 Fév - 23:40

En soirée

Le grand-maistre leva les yeux aux quelques mots du Duc d'Aoste. Avant qu'il ne lui réponde, vint rejoindre le cercle, Raoul, que Samo salua de la tête. Puis, il répondit en désignant le papier qu'il tenait à la main.

Il s'agit d'une lettre... à ma douce restée à Bourg. La Dame de Thones. Je l'informe de notre progression.

Puis, Louis1er apporta un peu à boire au duc d'Aoste et à Raoul. Il proposa de trinquer à leur expédition, puis, à ses dix-sept-ans. Samo sourit et écouta Grandgousier s'exprimer avant d'enchainer.

Bon anniversaire alors vostre grâce. Puisse les étoiles veiller sur vous comme cadeau de fête!

Le lendemain

Il atteignirent à l'heure du midi la ville d'Alessandria. Ne connaissant que l'espagnol, et encore pas énormément, qui se rapprochait de l'italien, le Grand-Maistre se sentait un peu perdu dans ce flot de syllabe latine continu que les habitants échangeaient. Probablement qu'on s'aperçut de ses difficultés linguistique, car les badauds curieux stoppèrent de s'adresser à lui pour plutôt se concentrer sur Grandgousier et le Duc d'Aosta, qui eux parvenaient mieux à traduire que lui.

Ils s'arrêtèrent sur la place publique, et Grandgousier, après avoir rapidement expliqué ses intentions, se dirigea vers les tavernes. Le meilleur lieux pour se détendre, certes, mais Samo lui doutait de pouvoir se détendre, trop pris dans la laborieuse traduction italien-français. Ainsi, il haussa les épaules, et pour sa part descendit doucement de selle pour s'occuper de trouver une taverne et de déharnacher son destrier.
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Thenestohs

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 12 Fév - 3:16

Tranchant le calme qui avait transi une glaciale journée, les feux du camp et la fatigue peut-être semblaient réchauffer cœurs et esprits. L’assistance placide s’était muée en une chorégraphie d’allés venus ponctués de prises de paroles que seuls interrompaient des éclats de rires francs. Loin de tout, perdus au Sud-est du Val d’Aoste les chevaliers avaient laissé de côté la mine grave qu’ils arboraient souvent et les hommes de guerre s’abandonnaient un temps aux plaisirs simples de discussions légères.

Le grand maître tiré de ses vacances épistolaires avait informé l’Aostois qu’il rassurait sa compagne restée au pays. Nombre d’hommes de la compagnie avaient, comme lui, du abandonner famille et parfois enfants au foyer, partant vers l’inconnu et sans assurance de retour. Ce que le Lion avait jadis jugé comme quête de gloire et de liberté avait aujourd’hui le goût du sacrifice mais pour autant sa saveur n’en était que plus grande. Ces guerriers qui l’accompagnaient une nouvelle fois pour certains, la première pour d’autres, ne le faisaient ni pour la solde, ni contraints ou forcés, tous s’étaient portés volontaires pour porter assistance à des peuples qu’ils ne connaissaient pas. Et pourtant chacun ici donnerait sa vie suivant les vœux qu’il avait un jour, récent ou lointain, prêté sur l’honneur pour porter secours à quiconque en ferait la légitime demande.

Le duc sourit au premier officier de l’ordre alors que leur homologue de la Plume et de l’Epée les ralliaient enfin. L’Aostois l’avait accueilli en lui indiquant du bras une place libre au sein du groupe des chevaliers de l’Annonciade.

Quelques instants plus tard le jeune duc de Bielle s’approchait, à la main une bouteille au contenu ivoirin. Il fit mention qu’il entrait dans sa dix-septième année et que cela valait bien la peine qu’il aille de sa tournée. Cela n’avait pas manqué de faire sourire le groupe qui comptait en son sein une majorité de vétérans et le Prime Enseigne s’était permis quelques commentaires colorés comme il était à son habitude de le faire. Les rires et encouragements de la troupe avaient ponctué son intervention. Le duc, méditatif quant au contenu de la bouteille dont la couleur ne lui rappelait rien renchérit à l’attention du géant.


Prenez garde qu’il ne vous glisse dans la choppe de son lait, il pourrait bien vous pousser quelques poils blonds.

Puis l’Aostois s’était relevé et avait saisi par l’épaule le jeune Louis avant que la solitude ne gagne ce dernier. Il lui avait dédié un regard contant que ces railleries spontanées signifiaient qu’il commençait à gagner sa place parmi le cercle.

A cette dix-septième année donc et puisse-t-elle sonner votre âge de raison avait-il conclu.

Le lendemain la troupe avait atteint Alessandria. Suivant les conseils du Chevalier Vert, la compagnie y avait fait halte, le temps pour certains d’informer les autorités milanaises des raisons de leur présence, pour d’autres de se réchauffer l’articulation du coude engourdie par quelques jours à travers neiges et glaces. Le duc avait pu constater la force de l’amitié entre cette province et la Savoie, l’accueil avait été plus que chaleureux et sa seule parole avait suffit à leur assurer passage.

Profitant de quelques heures de jour, la troupe était repartie en début d’après midi plus au Sud encore et le sort avec elle, elle gagnerait Genova le lendemain dans la matinée.
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bourbier
Sénéchal
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 12 Fév - 18:42

Le Sénéchal n'avait pas été des plus bavards ces derniers jours, fort affairé à lire, tout en chevauchant, les quelques écrits qu'il avait pu trouver sur les moeurs et l'histoire de Genes.

Aujourd'hui point de lecture au programme, la tête si prise dans un étau magistral. Il faut dire qu'il avait cherché hier soir à compenser son manque de maitrise de l'italien par une générosité sans faille à offrir tournée sur tournée en taverne avec Grandgousier.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 12 Fév - 18:52

[La nuit de Mardi à Mercredi]

Louis sourit au conseil de Grandgousier, au félicitation de Samo et à la remarque du Duc d’Aost.


Je suis fier d’être parmi vous ce jour et je prends tout vos propos comme des conseils qui me construiront.

Ils avaient rit encore un bon moment puis chacun son tour avait menée la garde. Louis en dernier car comme toujours vers quatre heures il ne dormait plus. Il se leva donc et raviva les flammes, il prit alors le temps d’écrire à sa femme quelques nouvelles, il rangea précieusement le parchemin sur lui il enverrais le tout à la ville qu’il rejoindrais le lendemain. Louis profita du spectacle de l’Aurore et fit du bouillon pour la troupe. Il était déjà temps de partir pour Alessandria.

Encore une journée de neige et de montagne puis au milieu de la journée, alors que le soleil était à on Zénith la troupe aperçue la civilisation. Le fier étendard Milanais ornait les portes de la ville, lorsque l’équipage savoyard entra dans ce petit village ou l’on parlais une autre langue. Grandgousier avait un grand besoin de se désaltéré et se dirigea vers la Taverne. Quand à Louis il alla à la chapelle. Il remercia dieu d’être encore là vivant de l’autre côté des montagnes. Puis il rejoignit ses compagnons en la taverne et profita d’un bon repas chaud. Missive à Mélisende fut scellé et mit sous pli.

Après une nuit de voyage, Louis vit les remparts de Gènes. Derrière, l’on voyait comme un champ azure, tacheté de blanc. La mer… Ses yeux devinrent brillant et rempli de bonheur, il avait entendu bon nombre de légende sur cette étendue d’eau, on disait même qu’elle était salé. Alors lorsque sa grâce d’Aost donna ses quartiers à la troupe, louis prit immédiatement la direction de la mer. Après une étendu de sable, il arriva au bord de l’eau tant rêver. Il descendit de cheval et observa le va et vient des vagues, son cœur était rempli de bonheur, simple était la contemplation de cette beauté céleste, qu’aurait t’il donné à ce moment là pour partager ce moment simple avec sa femme…

De l’eau salé, il devait en avoir le cœur net, il approcha sa main, prit un peu d’eau et gouta. Il recracha immédiatement le liquide dans un

Pouaffffffffffffff….

Après une courte promenade, il regagna la ville direction la bibliothèque, ou un ouvrage l’attendait. Il finit sa journée à lire et regagna la taverne ou la troupe s’était installé.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptySam 14 Fév - 17:33

[Dimanche 15 février, La Spezia]

On découvrait La Spezia entre les pommiers et les oliviers. Le village nichait dans la pente, caressé par le soleil et la mer. L’église se dressait haut vers le ciel, au faîte de la colline, et les masures de pierres se tenaient serrées les unes contre les autres, pour se tenir chaud ou frais au gré des saisons. Dans les ruelles, un gras bossu tendait la main avec un peu trop d’insistance et s’accrochait au col de celui qui ne voulait point donner. Mais pas grand monde ne courait les rues. Le village entier semblait regroupé sur la place du marché et du port, collés aux murailles, où les femmes se faufilaient entre des étals serrés les uns contre les autres alors que les hommes entraient et sortaient de tavernes en parlant de plus en plus fort. Une fois traversée la place, la grand-rue menait droit au parvis où quelques artistes et hommes de peu dessinaient où jonglaient devant une assistance clairsemée, mais point méprisante, et qui n’hésitaient pas à donner de la pièce.

Des artistes venus de Florence exécutaient une grande fresque au plafond de l’église. Il fallait se tordre le cou en arrière pour les voir œuvrer. Mais le curé, malgré son dos douloureux et son grand âge se plantait devant l’ouvrage, émerveillé de voir mains talentueuses de l’homme rendre pareil hommage à la maison d'Aristote. Les doigts de l’artiste font naître une lumière qui est digne reflet de l’oeuvre du divin. Badauds et bourgeois éclairés se poussaient du coude pour observer l’avancée des travaux.


– Ici l’on rend grâce à l’homme qui crée, dit un des chevaliers du Lac.

– Et où rend-t-on grâce à l’homme qui boit ? bougonna Grandgousier.

L’interminable chevauchée et la correspondance que le chevalier vert vouait à une dame aussi lointaine que les statues intouchables de l'église lui portaient sur les nerfs, surtout depuis que gourdes offertes à Alexandrie par de généreux et amicaux milanais avaient été vidées. Trois jours plus tôt, à poltron-minet, ils avaient quitté Gênes vers le sud-est sur les instructions du Doge. Malgré ses nouveaux amis génois qui l'avaient initié aux boissons locales, Grandgousier avait accepté ce nouveau départ avec un enthousiasme qui avait fait froncer les sourcils de quelques uns, tout habitués qu’il fussent aux frasques du colosse. Les paysans croisés dans les champs ne quittaient pas la fière chevauchée à l'étendard de sable des yeux et Grandgousier n’en finissait plus de bomber le torse, fier de l'image qu'avait la Savoie dans ces terres ensoleillées.


– Il commence à faire Dieu soif ! insista-t'il à l'entrée de La Spezia.

– En face, une petite taverne sert vin que l’on dit honorable et beaucoup moins cher qu’aux alentours du marché. dit leur guide génois.

– Bougremissel ! Enfin une bonne nouvelle. Allons y donc ! Fêtons dignement l’approche de l'action !

Des images cependant lui venaient à la tête et lui disaient, qu’autrefois, il avait dû passer en ces rues. Mais il ne savait Dieu ce qu'il avait pu y faire…
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptySam 14 Fév - 21:11

C'était toujours une agréable sensation que l'expression qui se lisait dans le regard des badauds, fruit du mélange entre l'admiration et l'effroi.

Le cul tanné par tant d'heure de chevauché le Sénéchal acceuillit avec bénédiction la proposition de leur guide
: Excellente initiative mon cher, allons nous interesser de plus près au saveurs locales.
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Grandgousier

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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyLun 16 Fév - 14:13

[Lundi 16 février, La Spezia, tard le soir...]

Grandgousier soupira comme vache qui se dégonfle après ruminance.

– Ma Dame me manque !

– Mais ce n’est Dieu pas vrai ! Moi qui croyais que c’était le gaster ou le foie qui te causait souci, ou encore la tripaille, mais voilà que tu me parles de ton coeur ! Ne me joue pas complainte de damoiseau enamouré, Grandgousier. Toi, au moins, tu as un visage à contempler lorsque tu fermes les yeux.

Grandgousier se dégrailla la gorge un tantisoit avant de répondre.

– Un visage... pfff... Trop loin sans doute pour que tout ne se brouille et que l’image qui me vienne ne me soit guère agréable. Il m’est plus simple de boire bonne golée à l’heure du coucher pour tout effacer comme la marée les pas sur la plage.

- Allez ! Bois une goutte, oublie tétins de ta belle et tourments de ton ventre, et laisse-toi dormir.

...

– Et Lucien ?

– Quoi, Lucien ?

– Crois-tu que nous avons bien fait de l’abandonner à cet aubergiste de La Spezia ? Va-t-il seulement savoir le nourrir ?

– Nous le payerons à notre départ. Il a tout intérêt à bien traiter nos montures. Et puis il est avec nos autres chevaux, ton Lucien. Dors !

– Ton destrier, je ne dis pas, mon frère chevalier, il est comme toi, il en a vu du pays. Mais mon vieux Lucien, hors des champs de Savoie, il n’est point le même. As-tu vu seulement comme il me regardait lorsque nous le laissâmes à l'écurie ? Il y avait plus de reproches en son regard qu’en œil tien lorsque je te soustrais dernière golée de gnôle !

– Dors !

– Je sais comment il est, mon Lucien. C’est une bête sensible !

– Sensible, ta satanée bourrique de cheval ? ! Mais le manque de boisson et de sommeil te fait déraisonner, Grandgousier ! Crois-moi, laisse-toi aller à la nuit ; tu y verras demain plus clair en tes idées.

Grandgousier se retourna encore quelques instants, inspirant mauvaise sueur sous sa couverture. Puis il se leva d’un bond.

– Bougremissel ! J’en ai plus qu’assez de m’ébattre en ce lit comme cochon en soue ! A attendre des ordres qui ne viennent pas ! Je vais prendre l’air !

– Tout ce que tu veux, Grandgousier, mais en silence.

Et Grandgousier sortit de l'auberge, éructant sans grâce, le cœur et le pied à contretemps. Il n’entendit d’abord que le souffle de la mer qui emplissait la
nuit les rues de la cité génoise, endormie au fond de son golfe.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyLun 16 Fév - 18:18

Louis avait prit du temps pour réfléchir à son avenir, entre méditation devant la mer, prière à l’église du petit village génois ou il logeait. Louis commençait de se trouver. De retrouver ce qui était en lui, il avait prit le temps de retrouver ses racines… Il avait écrit une énorme lettre à son père, prit le temps de dire tout ce qu’il avait sur le cœur. Louis se sentait chaque jour de mieux en mieux, le poids qui lui pesait, s’effaçait au fur et à mesure du voyage, il était pour lui comme un voyage initiatique, un retour dans la lumière.

Le samedi, il avait reçu une rose et un petit mot par pigeon express. Ses pensées étaient alors vers sa douce Mélisende. Sa femme lui manquait terriblement, il aurait aimé pouvoir plonger son regard dans le sien, sentir la tendresse et la douce chaleur de ses mains, échangé un baisé et plus si affinité. Le voyage le long de la côte et la beauté de ses paysages lui avait encore ajouté à ce sentiment de manque qui gisait bien encré au fond de son ventre.

Le dimanche, Louis s’était levé de bonne heure et avait prit le temps d’aller à la messe. Il n’avait rien compris au prêche, mais en avait profité pour se recentré sur dieu et son message. Il avait repensé au cours de Monseigneur Scarpia alors qu’il n’était qu’enfant. Le reste de la journée fut passé à la lecture et l’étude rigoureuse des vertus aristotéliciennes.

Le lundi, Louis était parti de bon heure à la bibliothèque, il fini assez tôt son étude. Il gagna alors la taverne ou séjournait la troupe. A une table buvait et parlait gaiement Grandgousier et Bourbier, à une autre, le Duc d’Aost était occupé à rédiger plusieurs courriers, à ses côtés Samo était en pleine réflexion également. Louis s’approcha et dit timidement.



Vostre grâce, bien le bonjour, excusez moi de vous déranger, mais je crois que ma décision est prise.


Puis se retournant vers Samo qui était assis à côté…


Excellence, j’aimerais m’engager à vos côtés.


La question était désormais officiellement posée…
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 19 Fév - 16:42

Grandgousier quittait la cité basse de La Spezia avec dans la tête une fille à la peau matte et granulée qui faisait danser ses seins lourds sur son corps tremblant de plaisir et de honte. Il fallait qu'il efface ces images de chair qui hantaient son esprit. Il prit vivement le chemin le plus direct pour le palais du Doge, croisant des soldats croisés italiens escortant des seigneurs vêtus pour la cour, portant robes de vair, ballottés dans des chariots recouverts de tissus et de draps, leurs domestiques les suivant à pied dans ces rues de poussière ocre aux destinées incertaines. L'odeur de la sueur et de sa compagne de couche était obsédante. Il rêvait à présent de se baigner dans une source, une rivière, un torrent, un petit ru glacé, tout sauf cette mer trop grande et trop salée qui était leur seul horizon depuis une semaine. Un de ces nobles génois arrêta son chariot pour lui lancer, dans un parfait françois:

Citation :
- Excellence, j’aimerais m’engager à vos côtés...

Grandgousier ouvrit un œil, puis l'autre. Les odeurs de sueur et de gourgandine étaient toujours là mais le décor coloré des rues génoises avait laissé la place à un intérieur obscur et humide. Il s'était assoupi un instant, dans cette taverne mal famée où tous ils attendaient depuis des jours nouvelles du conseil génois. Partageant son temps entre pêche, dégustations locales et siestes interminables, il avait à défaut de combattre moultement pratiqué ce qu'en ces terres chaudes on appelait "farniente". Il en revint à cette voix qui avait brisé son rêve et la reconnut comme celle du jeune duc de Bielle. A en juger par les postures, Louis venait d'apostropher le Grand Maistre et attendait réponse. Comme celle-ci tardait, Grandgousier grommela.

- Mortecouilles, ta grâce Louis... tu me viens éveiller au plus bel endroit de mon somme. Si tu estois escuyer, tu mériterois la bastonnade. Heureusement pour tes nobles fesses, le Très-Haut t'a fait duc...

Le grand Vert éclata de rire. Dans l'intimité de la taverne, il avait fait fi des convenances. Il n'y avait plus ni chevalier ni duc ni rien du tout, plus que des hommes venus en découdre et rongés par l'attente. La tension était palpable. Il fallait la faire retomber par quelque plaisanterie mal placée.

- Est-ce vous vostre seigneurie qui nous comblez de ces effluves de damoiselle ? Non, il ne saurait s'agir de cela. Cependant, mon nez se trompe rarement. Il y en a une pas loin, je la veux voir. Montrez-la nous, Louis...
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 19 Fév - 17:25

Cela faisait un moment que le pauvre Louis attendait une réponse à sa demande. Mais personne ne lui avait répondu. Il se sentait prit dans une espèce de bulle de honte. Et son esprit commençait à le travailler.

Mortecouilles, ta grâce Louis... tu me viens éveiller au plus bel endroit de mon somme. Si tu estois escuyer, tu mériterois la bastonnade. Heureusement pour tes nobles fesses, le Très-Haut t'a fait duc...

Grandgousier venait de parler, Louis en eu un rictus de sourire. Il regarda l’homme attabler à côté, avec une belle trace de main sur la joue. Il avait du s’assoupir. C’est alors que grandgousier sorti l’une des phrases dont il avait le secret… Mais elle n’eu sur Louis pas l’effet escorté. Au lieu de cela il était encore plus gêné…


Chevalier, je suis désolé, mais je ne comprends malheureusement vos propos. Je ne vois pas de quoi vous parler en parlant d’effluves de damoiselle. Je ne connais qu’une femme, la mienne, et je la protégerais et aimerais tout le reste de mes jours et malheureusement elle est bien loin de moi en ce jour…

Air mélancolique vers la fenêtre…

En tout cas, j’aurais espérer quelques minutes pouvoir porter le sable, l’épée, la couronne et la foi. Peut être un jour…

Louis alla chercher deux bières et en déposa une devant Grandgousier. Il s’attabla à ses côtés… Il avait envie de parler mais ne savait par où commencer.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 19 Fév - 17:57

Le cœur du Grand Vert se resserra l'espace d'un instant. Malgré tout ce qu'il avait entendu, malgré tout ce qu'il avait vu, il ne pouvait en cet instant voir dans le jeune Louis autre chose qu'un gamin trop vite grandi, à qui l'on avait dérobé sa jeunesse, et il en ressentait de la compassion.

Il passa doucement sa grande main dans le dos du jeune homme, vida la moitié de sa bière, et commença à parler, cette fois sans plus aucune trace de plaisanterie dans la voix.


- Rahhh, Louis... vous n'êtes qu'empressement et patience mal utilisées. S'il est vrai qu'un chevalier a besoin de patience et de rapidité en même temps, les deux principales erreurs de stratégie consistent pourtant à agir avant l’heure ou à laisser passer l’occasion. Pour éviter cela, il vous faut traiter chaque situation comme si elle était unique, et n'y jamais appliquer formules ou recettes, pas plus que les opinions des autres. Tenez, un de vos prédécesseurs, un duc de Savoie à qui l'on demandait quel était le secret de sa grande habileté politique, répondit : « Je ne me suis jamais mêlé d’une affaire sans en avoir au préalable étudié le retrait ; d’autre part, jamais je ne suis entré quelque part en voulant aussitôt sortir en courant ». Comprenez-vous ?
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyJeu 19 Fév - 18:14

Louis écouta les paroles du sage “géant vert”, il venait de résumer en quelques mots ses 3 mois d’enfer. Louis ne comprenais que trop bien ces sages paroles. Il prit une gorgée de bière, prenant soin de gouté la mousse avant de boire le si précieux liquide de houblon.

Messire, vos paroles sont sages, et je ne les comprends que trop bien. Vous savez, les épreuves que je viens de vivre furent très difficile, mais aussi plus qu’instructive. J’ai eu à faire des choix, et je ne les regretterais jamais. La seul chose qui m’a manqué, c’est de prendre le recule, de faire preuve de transparence pour expliquer mes décisions et enfin prendre le temps de répondre…

Je n’ai que trop sauté d’un endroit à un autre, je n’ai que trop, agit rapidement, je n’ai que trop mal parlé et communiqué. Et cela me fut et m’ai encore reproché.


Louis bu une autre gorgée…

J’ai failli perdre j’ai failli perdre mon père, j’ai failli perdre la femme que j’aime, mais ce que j’ai failli perdre et ce fut le pire de tout, c’est moi-même, mon âme et ce qui fait de moi un homme. Je suis heureux de faire ce voyage, peut être que nous y laisseront notre vie, mais au moins, je serais redevenu celui que j’étais avant mon passage dans une cave à Paris et pour cela je vous remercie.
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyVen 20 Fév - 0:10

Assis au bout du banc les jambes allongés sur celui-ci le Sénéchal sortit son visage de l'ombre :

Haut les coeurs mes frères !

Puis se rapprochant de ses deux compagnons :
Alors jeune Louis a quoi aspirez vous devant toutes ces années à venir ?
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MessageSujet: Re: [Suite] Une Cavalcade italienne.   [Suite] Une Cavalcade italienne. EmptyVen 20 Fév - 10:57

[color=darkred]Haut les coeurs mes frères ![/color]

Louis vit tout d'un coup le chevalier Bourbier sortir de sa torpeur, son exclamation lui fit un peu peur mais il ne fit que sursauter… Il se rapprocha de la table et demanda à lui quels étaient ses aspirations.


Et bien chevalier, je ne souhaite faire que le bien par amour pour le bien lui-même. Je ne souhaite que servir la Savoie comme je le puis et lui donné ma vie s’il le faut. Enfin, j’espère devenir père un jour et pouvoir voir grandir le fruit de mes entrailles…

Les réponses étaient bien simple, mais tel était l’état de l’esprit de Louis désormais apaisé.


Dernière édition par Louis1er le Ven 20 Fév - 18:22, édité 1 fois
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