Un cavalier aux couleurs Valdôtaines

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Maréchal, le vieux cheval de Chandin galopait comme un fol étalon à qui on avait essayé d'enlever sa liberté. Son Maître, une carte pliée dans sa main savait exactement où se rendre. A dos de mule, un domestique devait normalement suivre le seigneur si ce fou de Maréchal ne l'avait pas semé!

Chandin avait été convié par son suzerain, Teseo di Valendra, pour le rejoindre en la Commanderie de Thénières afin de participer à une renaissance de l'Ordre de ce dernier. Cette tâche tenait particulièrement à coeur au Seigneur de Pont Saint Martin. C'est donc tout excité et impatient de revoir son Duc qu'il allait se présenter au pont-levis espérant qu'un garde l'écouta.

Il se retourna vers son domestique qui à sa grande surprise avait réussis à les suivre et lui demanda.

"Arthur, je te prirais de bien vouloir donner du clairon afin d'annoncer notre arrivée.

Le jeune domestique fouilla dans son baluchon et en ressortit l'instrument. Après quelques coups, tous les deux attendirent une quelconque réaction du château.

- Tiens-doncques... c'estoit là le marescal de prévosté Chandin ou bien je ne suis qu'un vil faquin... fit une grosse voix que le-dit Chandin n'eut aucun mal à reconnaitre.

En effet, le corps massif de Grandgousier ne tarda pas à sortir de l'ombre de la poterne pour venir au devant de l'arrivant. Il flatta l'encolure du cheval et accueillit son cavalier d'un franc sourire.

- Et bien, m'sire Chandin... en laquelle de vos qualités dois-je vous faire annoncer ?

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Peu de temps après, en effet, une voix grave résonna. A sa grande surprise, Chandin reconnut Grandgousier. Ses pensées se firent réalité quand il le vit apparaître.

"Monsieur le Tribun Grandgousier! Il ne m'était pas passé une seconde que j'ose vous croire ici. Ravi!

Il eut droit à un sourire du puissant homme. Il descendit de Maréchal, tendit la bride à son domestique et s'avança ver son interlocuteur.

"Eh bien je serai davantage ravi si vous m'annonciez à Sa Grasce Teseo di Valendra ou au Grand Maistre, citant tout simplement Messire Chandin.

Il fit un sourire à Grandgousier.

"Puis si vous pouviez demander à un domestique d'accompagner Arthur aux écuries afin d'y faire reposer nos bêtes ce serait des plus parfait...

Il montra Arthur, Maréchal et la mule à Grandgousier, fit un petit sourire et regarda l'homme quidevait bien le dépasser d'un tête, si ce ne fut plus.

D'un coup d'œil sévère à celui des deux gardes qui était devenu sa tête de turc (voir épisodes précédents), l'escuyer Grandgousier ordonna que l'on fit comme Chandin avait demandé pour le domestique et les montures. Puis il invita celui-ci à pénétrer dans l'enceinte de la forteresse, à ses côtés.

- Je ne says où nous les trouverons, m'sire Chandin. Ces derniers temps ils passoient leur journées enfermés dans je ne says quel office caché à discuter de choses aussy secrètes qu'importantes. J'ai grand peur que nous ne les retrouvions aussy blafards que le sainct suaire... Voir un peu la lumyère du jour leur ferait le plus grand byen ! Enfyn... cherchons les... en espérant que la vostre présence leur donnera le cœur à sortyr.

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Chandin marchait aux côtés de Grandgousier tout en l'écoutant parler. Il pensait à bien des choses de ce grand homme. On aurait dit Goliath, le roi géant, ajoutant force et grandeur. Mais ce qu'il taquinait Chandin c'est qui n'arrivait pas à trouver un David digne de Grandgousier... Il sourit à cette pensée et répondit à l'homme.

"Bien, Bien, Grandgousier. Je suis sûr que l'un d'eux va arriver. Vous savez, nous la police, c'est fou comme on nous sent. Dès qu'un escroc nous voit il fuit... Espérons que ce ne soit pas le cas, mais normalement, tout devrait bien aller.

Il regarda une fois le Ciel, la terre, sourit et continua à marcher à l'intérieur de la forteresse.

Au détour d'un couloir un homme manqua de peu de rentrer de plein fouet dans Grandgousier : Et bien mon frère toujours aussi prompt à mettre un pas devant l'autre. Cet entrain me fait penser que nous avons une passe d'armes à terminer, n'est ce pas.

puis il posant un regard sur le visiteur :

Messire Chandin je suppose, votre visite était attendue. Je suis Bourbier, Sénéchal de l'Ordre, et heureux de vous souhaiter la bienvenue en ces lieux.

De l’une des hautes tours du castel, l’aostois avait aperçu l’arrivée de son vassal, accueilli par l’écuyer Grandgousier. Le duc qui s’était éclipsé un temps des longues discussions relatives à la mobilisation de l’Ordre trouva en cette arrivée attendue un nouveau prétexte pour s’aérer l’esprit un instant. Quittant la meurtrière devant laquelle il se tenait, il s’engagea dans les escaliers étroits qui dévalaient en colimaçon jusqu’à la base des fortifications. Après une courte minute d’une descente en spirale, le Lion gagnait enfin la sortie. Tirant le battant d’une modeste porte, il s’engagea par l’ouverture. Celle-ci donnait sur la cour intérieure de la commanderie, y parvenant il fut saisi par le froid qui se faisait plus dur chaque jour et regretta de ne pas avoir glissé sous son tabar d’ébène frappé des couleurs de l’Ordre quelques épaisseurs supplémentaires. Même sa longue cape que le vent faisait virevolter se révélait d’un bien maigre secours. A son heureuse surprise toutefois, l’aostois constata que les deux hommes qu’il était venu trouver avaient déjà gagné l’intérieur du castel. Il se lança à leur suite et ne manqua pas de retenir son souffle lors de la collision évitée in extremis entre l’imposant écuyer et le sénéchal. L’appel de la guerre s’était fait entendre et le temps n’était pas aux cabossages inutiles.

Malgré la potentielle gravité de se jeter à la face d’une montagne, le duc ne pu réprimer un sourire, Grandgousier dont on disait au cœur de la citadelle tant de bien était en quelque sorte leur colosse et la devise de l’Ordre n’en sonnait qu’avec plus de force. A son côté le seigneur de Pont Saint Martin semblait être au mieux quelque frêle adolescent.

Signalant sa présence, l'arrivant interpella l'officier.

C’est plus que de la témérité qu’il faudrait pour vouloir affronter un tel écuyer à main nue et se jeter sur ce roc comme vous avez manqué le faire coûterait en réfection d’armure plus que l’Ordre ne peut aujourd’hui se le permettre Sénéchal.

Arborant cette fois un large sourire le duc s'adressa aux deux autres.

Ecuyer, n’allez pas nous briser la hiérarchie en ces temps de guerre…

Mon fidèle Chandin, soit le bienvenu.

Le Sénéchal jeta un regard par dessus l'épaule de Chandin afin de voir le seigneur d'Aoste :

Certes Messire ce serait téméraire mais la force n'est pas tout. N'est ce pas mon cher ajouta t'il en déposant une claque chaleureuse sur l'épaule de Grandgousier, manquant de peu de se briser le carpe d'un bord à l'autre.

Grandgousier stoppa net à l'apparition du Sénéchal à l'angle d'un bâtiment. Il marmonna quelques excuses pour l'impact évité de justesse. Il allait alors lui "remettre" le Sieur Chandin quand le Duc d'Aoste en personne fit son apparition, surgi des ombres même dont il semblait aimer à se vêtir. Il sourit discrètement à sa remarque.

Puis il se prit une franche claque du chevalier Bourbier. Le bras lui démangea de lui rendre la pareille. Il avait apprécié leurs passes d'armes d'entraînement autant qu'il appréciait l'homme et ne demandait qu'à en "découdre" de nouveau avec lui. Mais jusqu'au jour où lui-mesme serait fait chevalier, jusqu'au jour où il recevrait la collée, cette dernière claque à laquelle il ne faut point répondre, jusqu'à ce jour espéré il serait fort malséant de bousculer un de ses supérieurs. Il relâcha ses muscles.

- Certes, Sénechal. La force ne faisoit point le tout. Mays la justyce sans la force estoit impuyssante, tout comme la force sans la justyce estoit tyrannique.

La salle de discussion s'était vidée, et le Grand-Maistre s'était diriger vers ses quartiers. L'ordre revenait lentement à la vie, du moins dans les hautes sphères pour le moment, et allait probablement reprendre de la vigueur. De nouveaux arrivants arrivaient plus souvent, et ce sont les échos de voix qui attirèrent le chevalier vers leur provenance. Il s'approcha doucement et écouta le duc, le sénéchal et Grandgousier discuter des qualités d'un bon combattant, avant de s'avancer à son tour en direction de Chandin. Il inclina la tête et le salua.

Bonjour, Sieur Chandin. Heureux de vous savoir arrivé. Les clés vous ont telles été offertes? Si ce n'est le cas je vais m'en charger immédiatement. Ensuite, comme je crois également que Messire Wulfod est arrivé nous pourrions, si vous êtes d'accord Sénéchal et Messire d'Aoste, commencer la cérémonie dont nous avons discuter.

Il les observa, attendant leur consentement avant de jeter un œil vers la cour et rajouter.

Notre cher Grandgousier est déjà parti accueillir notre nouvel arrivant, je m'en vais le rejoindre également, si vous voulez bien m'excuser.

Il inclina légèrement le buste de nouveau, et parti en direction de l'entrée, où Rethun entrait.

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Il avait vu arriver de nul part tous les hauts dignitaires de l'Ordre un à un. Tout d'abord Messire Bourbier, un homme qu'il trouva au début étrange. Il se demanda bien pourquoi, et, inclinant la tête vers l'homme:

Monsieur le Sénéchal, enchanté, j'espère par la suite apprendre à vous connaître.

Puis Chandin vit l'homme en qui il avait le plus d'admiration, l'homme qui l'avait annobli, l'homme dont il honorait le nom à chaque coin de rue. Teseo di Valendra fit son apparation. Chandin ne put cacher un sourire. Le fait d'être aux côtés et de parler avec le duc lui donnait confiance en lui, ce dont il manquait quelque fois, et un sentiment de protection, tel un père et son fils. Ce fut dans l'esprit de Chandin, inexplicable. Il inclina sa tête plus lentement qu'il le fit pour le Sénéchal et continua:

"Merci Monseigneur, heureux de vous revoir, j'espère que vous vous portez merveilleusement bien.

Il lui fit un sourire tout en se relevant et Messire Samo arriva. Il l'avait connu en tant que Juge et Prévôt, il rinclina la tête.

"Messire Samo, toujours un plaisir que de vous voir.

Le Grand Maistre lui remit alors un trousseau de clef, il le remercia et resta en compagnie des quelques derniers restants, ne savant où aller, que faire, qui suivre.

Lorsque le Grand Maître se dirigea vers les portes du castel que franchissaient Grandgousier et le très attendu Rethun, le duc lui emboita le pas.

Si votre avis est de ne pas gaspiller de temps, ma bénédiction est votre. Procédons dès que possible, il y a encore tant à faire.

Certes Messire, dirigeons nous de ce pas vers des quartiers plus confortables.

Grandgousier escorta la noble assemblée à travers la cour jusqu'au seuil des-dicts quartiers, s'assurant que nul dignitaire ne trébuche sur morceau de ferraille oubliée ni qu'auguste pied botté ne foule crottin encore fumant.

Une fois tous entrés dans l'austère bâtiment de pierre, il fit demi-tour, se gratta discrètement l'entre-jambe et retourna peigner les chevaux.