[Suite] Une Cavalcade italienne.

Et pourquoi tout ceci vous rend si mélancolique mon cher ? La tache st elle si ardue ?

Invité

Mélancolique? Non je ne crois pas l'être bien au contraire... celà fait bien longtemps que je n'ai été aussi calme et bien. Je crois m'être retrouvé enfin... Et ceci grâce à cette petite escapade...

Sourire...

Tavernier apporté donc à boire à mon ami...

Dict Louis en Latin... Une serveuse apporta à boire à Bourbier...

Pour ce qui est de la tâche, je crois qu'une vie ne suffira pas à la réussir, je ferais du mieu que je pourrais en tout cas.

[Vendredi 19 fevrier, La Spezia]

Grandgousier tournait en rond dans l'auberge en pestiférant. Depuis le matin, il n'avait pas touché aux mets copieux que le conseil génois, dans sa grande courtoisie, leur faisait livrer chaque jour. Il s'adressa à ses compagnons d'épopée, sans en cibler aucun en particulier.

- Rahhhh... par les sérénissimes couillasses du doge, tant d'inaction me pèsoit au point d'en perdre l'envie de ripailler, mes frères. Comme Dieu qui a fait de galans hommes à un si beau tour, ne m'a pas tourné comme les autres, qui, pour la pluspart sont plus amys des bons morceaux que de leur pays, moy qui suis plus amy de mon pays que des bons morceaux et que de la bonne chere, parmy ces continuels festins et siestes, n'ayant pas presque loisir de respirer, je m'ennuyois d'une si longue séquence de jours tranquilles, et la Savoy par trop me manquoit ; quoy que viandes et donzelles icelieu fussent exquises, et qu'il ne manquast rien à l'excellence de leurs sauces, je les trouvois insipides, pour ce qu'il me manquoit cette sauce des sauces qui se nomme l'appétit. Sortons, mes frères, trouvons quelques brigands égarés, étripons-les un peu et puis rentrons. J'ay dis.

Bourbier sortit de sa torpeur, en baillant généreusement :

Vous avez mil fois raison mon cher, allons nous dégourdir. Mortecouilles, il doit bien y avoir belle cause à defendre ou détrousseur à chatier dans une si belle contrée. Rien de tel que l'ennui pour déclencher une vilaine bagarre ou un duel inepte. Quoiqu'il en soit j'ai le cul qui devient plat à rester sur ce banc, allons mettre nos selles et faire un tour.

Puis il se leva de son banc, s'etira, vida son verre de vin d'une traite et attendit de voir qui les suivrait dehors.

[Lundi 23 février - Chiavari, étape sur la route du retour]

Après que le dernier plat fut vidé et que les liqueurs fussent sur table, Grandgousier déplia une carte devant leurs yeux et, comme ils n’y comprenaient goutte, leur expliqua plusieurs fois où voir montagnes et où sentiers dans ce fatras de traits imprécis. Du doigt, il leur montra le trajet des jours à venir, route des collines du nord où les brigands ne passaient guère et qui ne rallongeait pas périple de plus d’une demi-journée.

– Quatre nuits encore et nous verrons le Saint Bernard et la croix d'argent. Il est temps, il est bien temps. Ce périple dure et dure et je n’aime pas m’éloigner ainsi de mon duché. Au retour, nous serons dans le bon sens, et j’irai de tout mon cœur en direction des bras siens. Mais... mais où est frère Wulfod ? Ne formait-il point l'arrière-garde à lui seul ?

Quelques jours avant, en attente d'Ordres à La Spezia.

Louis était entré et s'était dirigé vers la table où somnolait à moitié le grand-maitre, dans la chaleur de l'italie qui lui semblait étrange après le froid plus mordant de Savoie.

Excellence, j'aimerai m'engager à vos côtés.

Cela pris un certains à Samo pour réaliser qu'on s'adressait à lui. Sursautant à moitié, il tourna son regard vers sa grâce de Bielle, qui le regardait avec insistance. Ce moment d'inattention fut assez pour le géant vert ne se réveille de sa sieste, visible dérangé dans ce qui semblait être un rêve agréable. Alors que ce dernier lançait une de ses plaisanterie à lever les yeux, le Grand-Maistre glissa à Louis1er

Messire, il faudrait, vous ne l'ignorez sans doute pas, en parler avec le chapitre... J'imagine que nous en avons bien le temps, mais j'ignore pour le moment où se trouve Wulfod. Je tiens bien en tête votre requête, et promet de vous donnez une réponse.

Il lui sourit et le laissa s'éloigner, pour rejoindre Grandgousier. Drôle de portrait à regarder, un duc, siégeant en taverne avec Grandgousier Le Colosse, qui débordait de commentaires salaces et avait un bon penchant pour la douce bière italienne et le vin. Le grand-maistre sourit et se retourna vers le Duc d'Aoste. Le temps stagnait, et bientôt qu'ils partiraient s'ils n'avaient pas de nouvelles.

Sur le retour, à Chiaveri

La carte fut déroulée devant le groupe, et Grandgousier expliqua le plan qu'il avait en tête. Cela semblait bien. Un retour tranquille et rapide. Puis, fut évoqué l'absence du Chevalier Wulfod. Le Grand-maistre leva les yeux vers Grandgousier, et jeta un regard vers le Duc d'Aoste. Il haussa les épaules.

Il était là hier soir, je l'ai entraperçu, mais pas après. Vostre grâce d'Aoste? Croyez vous qu'il avait quelques affaires à régler?

[26 février 1457 - Quelque part en Piémont Milanais]

Il est des retours de guerre qui sont pires que la guerre...

Les membres endoloris par les lieues parcourues, le corps bercé par la cadence du pas régulier de son destrier, les premières pentes des Alpes s’offrirent enfin à Grandgousier et à ses compagnons de chevauchée. Le vent glacial descendu des sommets caressait le visage du chevalier enroulé dans sa si reconnaissable cape verte. Les gravillons roulaient sous les sabots de Lucien et continuaient leur course en se précipitant dans le vide. Les petits éboulis rejoignaient la plaine du Po qui léchait les flancs de la montagne de ses herbes folles. La nymphe Echo emprisonnée dans sa prison de pierre, reprenait la mélodie ancienne que Grandgousier sifflotait pour lui faire signe. Le chevalier vert avait le regard perdu dans la contemplation de cette terre familière. Savoie, Piémont, les deux faces d'une même mère. Des courbes vallonnées dessinaient sa silhouette, parée d’un collier aquatique et argenté qui prenait des teintes cuivrées sous le nouveau jour se levant. Les premières plaques de neige scintillaient de mille feux exhalant la pureté et la tranquillité des lieux.

Outre les hommes d'armes d'Aoste, ils étaient toujours huit à chevaucher en tête, deux par deux, mais il y avait eut quelques changements. Frère Wulfod les avait quittés, resté à La Spezia, selon sa propre volonté, pour s'y éteindre doucement et y mourir de sa belle mort. Il fallait croire que son âme torturée avait trouvé dans les douceurs méditerranéennes le calme et la langueur nécessaires à se détacher des souffrances terrestres. Du moins c'est ce que Grandgousier s'acharnait à croire, tant lui était pénible l'idée d'avoir abandonné un frère chevalier derrière lui. Même si ce faisant ils avaient respecté sa volonté. Sa place dans la colonne avait été alors occupée par la dame Kultie della Rovere, une jeune génoise de noble extraction qui avait profité de si prestigieuse escorte pour faire ce voyage vers la Savoie dont elle avait longtemps rêvé. Encore peu à l'aise avec le françois dont elle avait pourtant plus que des notions, elle se contentait jusqu'alors de communiquer par sourires. De temps à autre, Grandgousier lui faisait la conversation dans son italien de colporteur et de vendeur-de-foire, peu propice aux conversations mondaines mais qui avait au moins le mérite de faire rire la jeune femme.

Une petite incartade en Milanais et ils fouleraient très bientôt de nouveau le sol souverain de Savoie. Peu lui importait qu'il y ait encore les montagnes à franchir, l'important pour lui était de toucher du pied la terre de ses ancêtres.

[Note: ce passage est reproduit tel que le chevalier Grandgousier le narra à ses amis lors de son retour à Chambéry, il est par conséquent sujet à quelques "exagérations" si chères au chevalier vert à qui il plait tant de voir de l'extraordinaire là où tout n'est qu'ordinaire...]

Dans la soirée, la colonne s'apprêta à traverser le Po, qui à cet endroit marquait la frontière entre les duchés de Savoie et de Milan. Là, au milieu du pont, un vilain qui ressemblait à un Maure, pauvre et crotté à l'extrême - une créature si laide qu'on ne pourrait la décrire -, était assis sur la borne frontière, entre Savoie et Milanais, une grande massue à la main.

Grandgousier s'approcha du vilain, et vit qu'il avait la tête plus grosse que celle d'un roncin ou d' une autre bête, cheveux emmêlés et front pelé, large de plus de deux empans, oreilles moussues et grandes comme celles d'un éléphant, les sourcils immenses et le visage plat, yeux de chouette et nez de chat, bouche fendue comme un loup, dents de sanglier, aiguës et rousses, barbe noire, moustaches entortillées, et le menton soudé à la poitrine, longue échine, tordue et bossue. Il était appuyé sur sa massue, vêtu d'un bien étrange habit, ni de lin, ni de laine : à son cou étaient attachées les peaux de deux boucs, ou de deux chamois, récemment écorchés.

Le vilain sauta sur ses pieds dès qu'il vit le chevalier vert s'approcher de lui. On n'aurait su dire s'il voulait porter la main sur les arrivants ni ce qu'il voulait entreprendre, mais toute la troupe se tint prêt à se défendre, jusqu'au moment où l'on vit qu'il se tenait debout tout coi, sans bouger. Il était monté sur la borne-frontière et avait bien dix-sept pieds de haut. Humm... oui, des petits pieds... des pieds de Cathay... Il regardait Grandgousier de haut -c'est dire qu'il était quand même grand- et ne disait mot, pas plus qu'une bête n'aurait fait, et notre héraut crut qu'il n'avait pas de raison et ne savait pas parler. Toutefois, le Yennois est téméraire et il s'enhardit tant qu'il lui dit :

- Par les saincts attributs, va, dis-moi si tu es bonne créature ou non !

- Je suis un homme.

- Venescaille de vertugadin... quelle sorte d'homme es-tu ?

- Tel que tu le vois; jamais je ne suis autre.

- Que fais-tu ici?

- Je me tiens ici, je garde les bêtes dans ces montagnes de Savoie, et les empêche de passer à Milan.

- Tu les gardes? Par Saint Triffouillas de Cabirotade! Elles ne connaissent pas l'homme. Je ne crois pas qu'en montagne ou dans les collines, ni en d'autres lieux, on ne puisse garder de bête sauvage, si elle n'est attachée ou enclose.

- Je garde celles-ci et m'en fais obéir si bien que jamais elles ne sortiront de ce duché.

- Comment fais tu? Dis-moi la vérité.

- Il n'y en a pas une qui ose bouger dès qu'elle me voit venir. Car, quand je peux en saisir une, de mes poings, que j'ai durs et forts, je la tiens si rudement par les deux cornes que les autres tremblent de peur et se rassemblent toutes autour de moi comme pour demander grâce. Nul ne pourrait s'y fier, sauf moi, ni se mettre au milieu d'elles sans être tué aussitôt. Ainsi, je suis le maître de mes bêtes. Et tu devrais à ton tour me dire quelle sorte d'hommes vous estes et ce que vous cherchez.

- Mortecouilles et bitebasse... nous sommes, tu le vois, des chevaliers qui cherchons ce que ne pouvons trouver. Nous avons cherché et n'avons rien trouvé.

- Et que vouliez-vous trouver?

- L'aventure, bien sûr, pour mettre à l'épreuve nostre vaillance et nostre courage. Je te demande donc - et t'en prie et t'en supplie - si tu sais quelque chose, donne-nous des conseils, sur l'aventure ou la merveille.

- Pour cela, il te faudra t'en passer. De l' "aventure", je ne sais rien, et jamais je n'en ai entendu parler. Mais si tu voulais aller de l'autre côté des montagnes, jusqu'à la capitale, et te mettre au service du conseil, tu n'en sortirais pas sans mal, si tu veux faire tout ce qu'ils exigent. Passez-donc...

Et donc ils passèrent tous, méditant sur ces étranges propos...
De l'autre côté du pont, la Savoie.

Invité

Louis avait suivit la troupe, la tristesse au ventre de devoir laisser son cousin seul en Italie. Il avait appris à apprécié la droiture de cet homme, il se souviendrait à jamais de ses conseils. D’ailleurs il devrait en parler à Shéra, car des explications entre eux se devait être donné au sujet de Rethun. Le chemin avait repris avec l’arrivé dans la troupe d’une italienne, elle ne parlait pas beaucoup d’ailleurs. Après un long voyage à travers champs, en prenant soin d’évité les villes, la troupe se retrouva au contrefort des Alpes.

La neige commençait doucement à fondre, mais était encore bien présente et le retour serait tout aussi difficile que l’allé. Louis n’avait pas arrêté d’embêter le géant vert de question, toujours il lui répondait avec une grande sagesse et philosophie, cela lui laissait tout loisir de méditer en silence le long des cols à gravir. Après plusieurs nuit dans les montagnes, le samedi matin, le Hérault de Savoie annonça à la troupe que l’on était enfin sur nos terres, que sans doute après demain nous serions à Annecy. Une excitation soudaine fit place dans le ventre de Louis, il serait bientôt de retour au prêt des siens. Il pourrait enfin serrer dans sa bras sa tendre femme, embrasser son frère et sa sœur, salué comme il se doit Eddo et son père. Louis avait hâte de revoir sa petite maison perdu dans la foret, puis il retournerais à Bielle voir comment était son domaine…

C’est le sourire au lèvre que cet journée se passa, Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage, Louis rentrait chez lui…

Code:: Suite sur la gargote.

Sauf pour Bourbier qui peut poster ici, on recopiera pour lui...

Quelque part en italie :

Le sénéchal ouvrit les yeux. Il n'y avait que de la foret et la nuit autour de lui. Puis il commença a distinguer son cheval quelques pas plus loin qui mangeait paisiblement.

Il se rappelait avoir dit au groupe de ne pas l'attendre, ne voulant pas retarder leur passage en savoie. Il souhaitait s'accorder quelques heures afin de cueillir nombre de plantes médicinales propre à confectionner des onguents et autres remedes, ainsi que certaines boissons fortement alccolisées. Plantes que l'on ne trouvaient que sur ce versant des Alpes.

C'est au détour d'un chemin forestier que, tombant nez à nez avec une créature plus proche du troll que de l'homme, son cheval prit peur et se cabra, et le sénéchal tomba au sol la tête frappant de plein fouet une vieille souche.

Se reveillant plus tard il n'eut que le temps de voir la créature penché sur son visage. Celle-ci lui expliqua qu'elle cherchait un troupeau de biche ayant traversé depuis la savoie... mais le sénéchal se rendormit aussitot.